Douzième série

 

Douzième série

 

À une élève du Centre d'Éducation qui a commencé de correspondre avec Mère à l'âge de seize ans.

 

Douce Mère,

Avant, j'avais l'habitude de lire Savitri ou bien un de Tes livres avant de dormir. Mais maintenant' j'ai perdu cette habitude et je ne vais même pas au Samâdhi très régulièrement. Je ne comprends pas la vraie valeur de ces choses. Faut-il les faire régulièrement ou bien quand on les sent ? Pourquoi les fait-on et comment les faire ?

 

On lit Savitri pour développer son intelligence et comprendre les choses profondes.

On va se concentrer au "Samâdhi" pour accroître sa dévotion et se mettre en rapport avec Sri Aurobindo afin de recevoir son aide.

Si ces choses ont de la valeur pour toi, il faut les faire régulièrement parce que c'est la paresse de l'inconscience qui t'empêche de les faire.

Tu es née pour une vie spirituelle et consciente — mais peut-être es-tu encore trop jeune pour avoir la volonté de le réaliser.

Bénédictions.

Le 23 juillet 1969 

Douce Mère,

Chaque fois que je décide de bien travailler, je vois que mon effort ne dure pas plus de deux jours. Que penses-Tu que je doive faire pour faire bien ce que j'ai décidé de faire ? Je pense qu'il y a quelque chose en moi qui refuse de m'obéir.  

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C'est ainsi pour tout le monde, tant que l'on n'a pas consciemment unifié tout son être autour du centre psychique.

Cette unification est indispensable si l'on veut être le maître de son être et de toutes ses actions.

C'est un long travail minutieux qui demande beaucoup de persévérance, mais le résultat en vaut la peine car ce n'est pas seulement la maîtrise mais aussi la possibilité de la transformation et l'illumination de la conscience.

Veux-tu le faire ?

Si c'est oui, je t'aiderai.

Bénédictions.

Le 28 août 1969 

Douce Mère,

Comment se rappeler à chaque moment que tout ce que l'on fait, c'est pour Toi. Spécialement lorsqu'on veut faire une offrande complète, comment doit-on procéder en n'oubliant jamais que c'est pour le Divin ?

 

Il faut, pour y arriver, une volonté obstinée et une grande patience. Mais une fois que l'on a pris la résolution de le faire, l'aide divine est là pour soutenir et aider. Cette aide est sentie intérieurement dans le cœur.

Bénédictions.

Le 9 septembre 1969  

Douce Mère,

Je voudrais savoir la vraie signification des anniversaires, car c'est un jour important ici.

 

Au point de vue de la nature intérieure, l'individu est plus réceptif le jour de sa naissance, d'année en année,  

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et c'est pourquoi le moment est propice pour l'aider, chaque année, à faire un nouveau progrès.

Bénédictions.

Le 25 septembre 1969  

Douce Mère,

Tu m'avais écrit que d'entrer en contact avec l'être psychique, n'est pas une chose facile. Pourquoi crois-Tu que ce soit difficile? Comment dois-je commencer ?

 

Je dis "pas facile" parce que le contact n'est pas spontané et il est involontaire. L'être psychique a toujours une influence sur les pensées et les actions, mais on en est rarement conscient. Pour devenir conscient de l'être psychique, il faut le vouloir, faire taire son mental autant que possible, et entrer profondément au cœur de son être au-delà des sensations et des pensées. Il faut prendre l'habitude de la concentration silencieuse et de la descente dans les profondeurs de l'être.

La découverte de l'être psychique est un fait précis et très concret, comme le savent tous ceux qui en ont eu l'expérience.

Bénédictions.

Le 6 octobre 1969 

Douce Mère,

J'ai vu que je ne peux pas forcer mon corps physique à faire un peu mieux que ma capacité réelle. Je voudrais savoir comment je peux le forcer. Mais, Douce Mère, est-ce bien de forcer son corps ?

 

Non.

Le corps est capable de progresser et peu à peu il peut apprendre à faire ce qu'il ne pouvait pas faire. Mais sa capacité de progrès est beaucoup plus lente que le désir vital de progrès et la volonté mentale de progrès ; et si le vital et le mental sont laissés les maîtres de l'action, tout simplement ils harassent le corps,  

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détruisent son équilibre et troublent sa santé.

Par conséquent il faut être patient et suivre le rythme dû corps, qui est plus raisonnable et sait ce qu'il peut ou ne peut pas faire.

Naturellement, certains corps sont tamasiques et ont 1 besoin d'un peu d'encouragement pour progresser.

Mais en toute chose et dans tous les cas, il faut garder l'équilibre.

Bénédictions.

Le 13 octobre 1969  

Douce Mère,

Pourquoi croyons-nous en les renaissances? Qu'est-ce que l'on était avant notre état présent ?

 

Ce sont ceux qui ont eu le souvenir de vies passées, qui ont déclaré la réalité de la renaissance.

Il y a eu et il est encore des êtres dont la conscience intérieure est assez développée pour savoir d'une façon certaine que cette conscience s'est manifestée dans d'autres corps que leur corps actuel et qu'elle subsistera après la disparition de ce corps.

Ce n'est pas une théorie qui puisse être discutée, c'est une s expérience indubitable pour celui qui l'a eue.

Bénédictions.

Le 5 novembre 1969 

Douce Mère,

Quand on est dans la Nature, à quoi faut-il penser ? Être en contact avec la Nature nous aide-t-il en quelque chose ?

 

Ce n'est pas par la pensée que l'on peut être en contact avec la Nature, parce que la Nature ne pense pas.  

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Mais si l'on sent profondément la beauté de la Nature  et que l'on communie avec elle, cela peut aider à élargir la î conscience.

Bénédictions.

Le 9 novembre 1969

 

Aimer la Nature est généralement le signe d'un être sain et pur que la civilisation moderne n'a pas corrompu. C'est I dans le silence d'un mental apaisé que l'on communie le , mieux avec la Nature.

Bénédictions. 

Le 13 novembre 1969 

Douce Mère,

Comment se débarrasser ou plutôt comment corriger la jalousie et la paresse?

 

C'est l'égoïsme (selfishness) qui rend jaloux ; c'est la faiblesse qui rend paresseux.

Dans les deux cas, le seul remède vraiment efficace est l'union consciente avec le Divin. En effet, dès que l'on t devient conscient du Divin et que l'on s'unit à Lui, on apprend à aimer du vrai amour : celui qui aime pour la joie d'aimer et qui n'a pas besoin d'être aimé en retour ; et aussi on apprend à puiser la Force à la source inépuisable et on sait par expérience qu'en utilisant cette force au service du Divin, on recevra de Lui tout ce que l'on a dépensé, et bien davantage.

Tous les remèdes suggérés par le mental, même le plus éclairé, ne sont que des palliatifs et non une cure véritable.

Bénédictions.

Le 16 novembre 1969  

Douce Mère,

Parfois je parle dans mon sommeil. C'est un signe que le mental manque de contrôle, n'est-ce pas ; alors que faut-il faire pour qu'il reste calme la nuit ?  

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Généralement, quand le corps est endormi la nuit, le mental va se promener parce qu'il lui est difficile de rester longtemps tranquille ; et c'est pourquoi la plupart des gens ne parlent pas.

Mais il semble que ton mental reste dans ton corps, il faut donc lui demander de rester bien tranquille et d'être silencieux pour que ton corps puisse bien se reposer. Une petite concentration pour cela, avant de t'endormir, sera sans doute efficace.

Bénédictions.

Le 29 novembre 1969  

Douce Mère,

Quand le corps est endormi, est-il préférable que le mental sorte du corps ? Où donc le mental va-t-il se promener ?

 

Pour chacun les possibilités sont différentes ; il y a autant de cas que de gens. Mais chacun peut apprendre les conditions les meilleures pour son repos.

On peut devenir conscient de ses nuits et de son sommeil comme on est conscient de ses journées. C'est une question de développement intérieur et de discipline de sa conscience.

Bénédictions.

Le 1er décembre 1969 

Douce Mère,

Que veux-Tu dire par "devenir conscient" ? Être conscient de la Présence Divine en soi est-il la seule chose, ou bien être conscient des mouvements, des paroles etc., compte-t-il aussi ?

 

Tu peux être certaine que de devenir consciente de la Présence Divine en soi, change considérablement toute la  

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manière d'être et donne un contrôle exceptionnel sur toutes les activités, mentales, vitales et corporelles.

Et c'est un contrôle infiniment plus puissant et plus lumineux que tout ce que l'on peut acquérir par des moyens extérieurs.

Bénédictions.

Le 9 décembre 1969 

Douce Mère,

Notre vital est-il constitué seulement de désirs, de sentiments égoïstes, etc., ou bien y trouve-t-on quelque chose de bon aussi?

 

Énergie, puissance, enthousiasme, goût artistique, hardiesse, impétuosité, sont là aussi si nous savons nous en servir de la vraie manière.

Le vital converti et consacré à la Volonté Divine devient un instrument hardi et impétueux qui peut vaincre tous les obstacles. Mais il doit, d'abord, être discipliné et cela, il n'y consent que si son maître est le Divin.

Bénédictions.

Le 11 décembre 1969 

Douce Mère,

Que veut dire Sri Aurobindo lorsqu'il parle de changement de conscience ?

 

Passer de la conscience humaine générale et ignorante à la conscience yoguique basée sur la connaissance de la Présence Divine.

Bénédictions.

Le 13 décembre 1969  

Douce Mère,

Pourquoi vaut-il mieux se coucher de bonne heure et se lever de bonne heure ?  

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Quand le soleil se couche, une sorte de paix descend sur la terre et cette paix est salutaire pour le sommeil.

Quand le soleil se lève, une énergie vigoureuse descend sur la terre et cette énergie est salutaire au travail.

Quand on se couche tard et qu'on se lève tard, on contredit les forces de la Nature, ce qui n'est pas très sage.

Bénédictions.

Le 21 décembre 1969 

Douce Mère,

L'astrologie et les autres sciences prédisent-elles toujours correctement, ou bien les hommes en sont-ils encore incapables ?

 

L'incapacité humaine est nécessairement derrière tout ce que les hommes font. Seul celui qui est devenu conscient du Divin et qui est devenu Son instrument fidèle, peut échapper à l'erreur, s'il prend soin de n'agir que sur l'ordre divin et de ne rien y ajouter de personnel.

Il faut dire que ceci n'est pas facile. Seul celui qui n'a plus d'ego peut le faire correctement.

Bénédictions.

Le 25 décembre 1969 

Douce Mère,

Qu'est-ce que la connaissance et l'intelligence•? Jouent-elles des rôles importants dans notre vie ?

 

La connaissance et l'intelligence sont justement les qualités mentales supérieures de l'homme, celles qui le différencient de l'animal.

Sans connaissance et sans intelligence, on n'est pas un homme mais un animal en forme humaine.

Bénédictions.

Le 30 décembre 1969

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Douce Mère,

Est-ce que dans la race nouvelle, notre corps changera de forme ?

 

Entre le corps de l'être supramental et le corps de l'homme, il y aura sûrement une différence analogue à celle qui existe entre l'homme et le singe le plus avancé ; mais ce que cette différence sera, nous ne pouvons guère le savoir jusqu'à ce que paraisse sur terre cette nouvelle espèce.

Bénédictions.

Le 13 janvier 1970  

Douce Mère,

Quelle est la différence entre les sports et l'éducation physique ?

 

Les sports, ce sont tous les jeux, les compétitions, les concours, etc., toutes choses basées sur l'émulation et se terminant par un classement et des prix.

L'éducation physique, c'est principalement tous les exercices combinés pour le développement et le bon entretien du corps.

Naturellement, ici, nous avons les deux combinés. Mais c'est surtout parce que les êtres humains, surtout dans l'enfance, ont encore besoin d'une certaine excitation pour faire effort.

Bénédictions.

Le 14 janvier 1970  

Douce Mère,

Quelle doit être notre attitude vis-à-vis des capitaines et des professeurs ici ?

 

Une attitude obéissante, docile et affectueuse. Ce sont de grands frères et de grandes sœurs qui se donnent beaucoup de mal pour vous aider.

Bénédictions.

Le 1er février 1970

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Douce Mère,

Pourquoi le Créateur a-t-il créé ce monde et les êtres humains ? Attend-Il quelque chose de nous ?

 

Ce monde est lui-même. Il veut que tous, nous-mêmes et le monde et tout l'univers, redeviennent conscients d'être Lui.

Bénédictions.

Le 5 février 1970

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